Fongicides: classification et modes d’action

On appelle un fongicide une matière active utilisée contre les maladies des plantes provoquées par des champignons mais aussi par des bactéries, virus ou mycoplasmes. Elle est d’origine naturelle (minérale ou biologique) ou synthétique (minérale ou organique). Cette substance est douée d’une activité sur le champignon qui soit freinatrice (fongistatique) ou destructrice (fongicide).
On distingue deux grands groupes de fongicides: Les fongicides systémiques et les fongicides de contact.

SOMMAIRE

I. Généralités et modes d’action
II. Carboxanilides
III. Benzimidazoles
IV. Acylalanines
V. Phoséthyl-Al
VI. Triazoles, Imidazoles, Pyrimidines et Pipérazines
VII. Fongicides systémiques: généralités et modes d’action

I. Généralités et modes d’action

Les fongicides systémiques sont pénétrants. La substance active est redistribuée à l’intérieur et à l’extérieur de la plante traitée. Ils sont souvent préventifs et curatifs (sauf exception). Ils possèdent généralement un spectre d’action plus ou moins étroit.

Les fongicides systémiques sont très sélectifs des végétaux et se caractérisent par leur risque assez élevé de résistance (avec exception).  Ils ont un mode d’action uni site.

  • Fongicide à systémie ascendante

Les matières actives sont transportées de façon passive (des racines ou des feuilles vers les
parties plus hautes du végétal, via le xylème = partie interne des parois cellulaires, des vaisseaux du bois).

  • Fongicide à systémie descendante:

Le transport actif s’effectue via le phloème à travers les parties vivantes des vaisseaux du liber (phloème secondaire) de la plante ers les organes jeunes ou vers le système racinaire.

  • Actions des fongicides:

En règle générale, l’activité d’un fongicide sur l’agent pathogène, en l’occurrence le champignon, peut s’exprimer sur:
a. La viabilité et/ou le développement des spores ou du mycélium.

b. La formation des formes sexuées.
c. Les organes de conservation.
d. La sporulation et/ou la dissémination.
e. La capacité à infecter l’hôte.

II. Carboxanilides

Exemples: Carboxine et oxycarboxine.
Usages (carboxine et analogues):
a. Traitement des semences de céréales (Charbons: Ustilago et carie: Tilletia).
b. Traitement des semences de cotonnier (Rhizoctonia).
c. Traitement des parties aériennes contre la rouille des légumes et des cultures ornementales
(Oxycarboxine).
d. Traitement des cultures de caféier, du théier et de l’arachide contre la rouille.
Résistance: Connue sur rouille du chrysanthème.

III. Benzimidazoles

Le benzimidazole est une molécule hétérocyclique entre la composition de plusieurs fongicides systémiques. Elle se caractérise par son spectre d’action antifongique relativement très large.

  • Thiabendazole:

C’est est une matière active employée pour lutter contre l’Aspergillus, botrytis, Ceratocystis,
Cercospora, Colletotrichum, Diaporthe, Fusarium, Gibberella, Gloeosporium, Oospora,
Penicillium, Phoma, Rhizoctonia, Septoria et Verticillium.
Parmi les autres infestations contrôlées par les benzimidazoles, on peut citer l’Oïdium sur les
arbres fruitiers, les céréales et les cucurbitacées, et la tavelure des arbres fruitiers.
Dans les pays tropicaux cette famille de fongicide systémique est principalement utilisée pour
traiter la Pyriculariose du riz, la Cercosporiose notamment du bananier, les maladies À cause
d’un usage très intensif des benzimidazoles, beaucoup de champignons sont devenus
résistants. Les Oomycètes et les Zygomycètes sont insensibles.
Traitements foliaires, de sol, par injection dans le tronc (chlorhydrate de carbendazine) ou par
trempage (fruits).
Pays tropicaux: Benomyl, Carbendazine et Thiabendazole.

 

  • Emploi:

Cercosporiose, pourriture des boutures de cannes à sucre, anthracnose du caféier, de l’avocatier, du manguier, mildiou et alternariose des cultures légumières et florales.foliaires du soja et la Cercosporiose de l’arachide.

IV. Acylalanines

  • Mode d’action

L’acylanine est une famille de fongicide qui renferme des produits actifs par contact et par systémie (ascendante et descendante). Ils sont utilisés comme traitements foliaires, du sol et des semences.
Les acylalanines possèdent une forte activité pénétrante pour une action curative. Ils possèdent une activité à distance en distillation avec la vapeur d’eau à la surface des feuilles ou en solution aqueuse.

  • Spectre des acylalanines:

L’acylalanine est conventionnellement employé pour traiter les agents pathogènes responsables du Phytophthora infestans (Mildiou de la pomme de terre), Phytophthora cinnamomi (Pourriture racinaire), Phytophthora megasperma (Porriture racinaire de la rose, de la pomme de terre et de certains arbres fruitiers à noyaux), Plasmopara viticola Syn. Botrytis vitovola (Mildiou de la vigne), Peronospora tabacina (Tobacco blue mould), Pseudoperonospora humuli (Mildiou du houblon), Pseudoperonospora cubensis (Mildiou dela courgette), Bremia lactucae (Mildiou de la salade), et Pythium sp. (Pourriture des racines etdu collet).

Le fongicide est actif sur mycélium (CMI 95 – 100 ≤ 1µg/ml). Il est, en revanche, inactif sur la formation et le relargage des zoospores et sur la formation des hautoria primaires (ou haustorium: organe ou hyphe formé par le champignon afin d’augmenter la surface de contact avec la plante. Le hostorium peut être primaire ou secondaire).

 

V. Phoséthyl-Al

  • Mode d’action

Le phoséthyl-Aliminium (Syn. aluminium tris-ethylphosphonate) est un fongicide systémique à usage préventif et curatif. Lors de son application, son métabolite l’acide phosphoreux agit en systèmie ascendante (acropète) et descendante (basipète).Le phoséthyl-Al peut pénétrer dans les tissus végétaux via le système racinaire et/ou à travers les parties aériennes.

Cette substance active se caractérise notamment par une pénétration foliaire (par les feuilles) relativement rapide, ce qui évite un probable lessivage par les eaux de pluie ou d’arrosage. Il est aussi possible de l’appliquer par injection dans le tronc des arbres fruitiers.

Le phoséthyl-Al persiste longtemps après application. Son action peut potentiellement durer plusieurs semaines.

  • Spectre antifongique:

Le phoséthyl-Al est une matière peu active in vitro. Son spectre est limité, en pratique, à un emploi in vivo contre les champignons Oomycètes (Phytophthora, Plasmopara, Peronospora et Pythium). Il exerce aussi une action secondaire sur l’oïdium de la vigne et sur les pourritures des fruits.

Le phoséthyl-Al a une activité antifongique directe. Il se distingue, en effet, par son action fongistatique des ions éthyl-phosphite et phosphite, et aussi par une action complémentaire de l’ion Al +++ . Il exerce également une activité indirecte par stimulation des défenses naturellesde la plante hôte en présence d’une attaque fongique.

VI. Triazoles, Imidazoles, Pyrimidines et Pipérazines

  • Caractéristiques biologiques

Ces composés organiques sont le plus grand groupe d’inhibiteurs de stérols. Leur spectre antifongique est plus ou moins large: Triadiméfon, propiconazole et prochloraz (Imidazole).Ils ont une activité préventive et curative sur l’oïdium et la rouille des céréales.

Ces substances chimiques agissent par système ascendante (via le xylème) et sont employées
afin de lutter contre les maladies foliaires et traiter les semences (Triadiménol qui appartient
au groupe des Triazoles).

  • Spectre antifongique

Les triazoles, Imidazoles, Pyrimidines et Pipérazines sont essentiellement utilisés pour lutter
contre les champignons suivants:
Céréales: Maladies foliaires, oïdium, rouilles, septorioses, rhynchosporiose et agents
pathogènes fongiques transmissibles par les semences.
Arbres fruitiers: Monilia, oïdium et tavelure.
Vigne: Black-rot et oïdium.
Cultures légumières: Oïdium.
Exemples d’application des triazoles, Imidazoles, Pyrimidines et Pipérazines:
Bitertanol (Famille des triazoles):

Cette matière active est autorisée à la vente sur la marché français pour lutter contre la cercosporiose du bananier, arachide et palmier. C’est une molécule qualifiée de stable avec une hydrolyse à pH 7.

  • Les fongicides de contact

Ces fongicides n’agissent que sur les parties végétales qu’ils recouvrent. Ils perturbent les
processus de production d’énergie du champignon. A leur nombre on retrouve :

Le soufre
Le soufre est doté de propriétés fongicides. Il peut être utilisé sous forme de soufre micronisé (fine poudre) ou en suspension aqueuse. Dans le dernier cas on lui ajoute des tensio-actifs afin d’accroître son adhérence. L’inconvénient principal du soufre est sa phytoxicité.

Lorsque les températures excèdent 30 °C, le soufre devient toxique pour les végétaux sur lesquels il est
répandu. De ce fait, son emploi est inadapté aux régions tropicales.

Le cuivre

Il fut l’un des premiers fongicides à être employé. On le retrouve sous forme minérale (sels) ou combinées à des molécules organiques. Le cuivre perturbe les réactions d’oxydoréduction de la chaîne de production d’énergie. Il agit notamment sur les spores des champignons phytopathogènes. Vu la phytoxicité de la forme minérale, il est recommandé d’avoir recours aux formes organiques du cuivre. Ces dernières ont l’avantage d’être également plus rémanentes.

Les carbamates de contact

Il s’agit essentiellement des thiocarbamates et des dithiocarbamates. Ils agissent sur 3 processus métaboliques des champignons cibles à savoir le blocage de l’hydrolyse des acides gras, le blocage de l’oxydation du glucose et l’arrêt de la synthèse des acides nucléiques (ADN, ARN…). Ces produits sont dépourvus de toute nocivité envers les végétaux.